CATHERINE DE SAINT-AUGUSTIN |
III-3. Se méfier, ne jamais désirer de visons ou de grâces
CHAPITRE III Sa grande Maxime étoit que pour marcher en seureté dans les voyes de Dieu, il faloit s'appliquer uniquement sur la pratique des vertus solides, l'humilité, la patience, l'obeïssance, la charité, la douceur, & la conformité aux volontez de Dieu; puisque c'est ce que JESUS-CHRIST nous a recommandé uniquement. Bienheureux sont les pauvres d'esprit, Bienheureux sont les debonnaires; Bienheureux ceux qui souffrent persécution: & elle remarquoit fort bien, que les Apôtres revenans un jour de Mission, & se voulans conjoür avec JESUS-CHRIST de ce qu'ils avoient chassé les diables en son nom; ce bon Maître les avoit avertis que ce n'étoit pas de ces choses éclatantes qu'ils devoient se réjoüir; mais bien de ce que leurs noms étoient écrits au Ciel dans le Livre de Vie & des Prédestinez; ce que nous n'obtenions que par l'obeïssance que nous rendons aux Commandements de Dieu, & par la soûmission à ses saintes & adorables volontez. Elle ajoûtoit que qui desire ces choses extraordinaires, qui souvent ont plus d'éclat que de solidité, s'exposoit au danger de perdre l'humilité, & d'étre aisément trompé du diable, qui se transforme en Ange de lumiere, & qui a déja une grande entrée dans les ames de ceux qui estiment trop ces choses-là, visions, apparitions, revelations, don de miracles; qui se les desirent & ne s'en défient pas; & qui devroient plûtôt s'en estimer indignes. Aussi jamais elle n'a rien desiré de semblable; elle a été toûjours dans la défiance, & ne s'y appuyoit aucunement. Elle disoit que dans la conduite des affaires il étoit dangereux de prendre d'autres Maximes, ny d'autre guide, que les veritez inébranlables de l'Evangile & de la Foy; ensuite les lumieres que Dieu nous a données pour nous conduire; & enfin l'obeïssance que Dieu nous a recommandée; avec le conseil des personnes sages & prudentes, qui vivent dans la crainte & l'amour de Dieu, lorsque la conduite de l'obeïssance nous manque. Aussi jamais Dieu n'a permis que cette ame qui luy étoit humblement fidele, ait été trompée, ny qu'elle ait pris des fausses lumieres pour des veritables; quoy que souvent les Anges de tenebres ayent fait tout leur possible pour la surprendre en toutes sortes de façons. J'en raporteray icy quelques exemples où l'on pourra voir que la fausse-monnoye n'est pas plus semblable à celle qui est de bon aloy, que le sont les fausses apparitions à celles qui sont veritables, & qui vrayement viennent de Dieu. Elle remarquoit enfin, qu'il n'y a rien que le diable craigne davantage, que lorsque l'on se découvre fidelement en tout, à ceux qui nous doivent tenir la place de Dieu, comme à ses Superieurs, à ses Directeurs & Confesseurs, nous défians de nous mémes & de nôtre propre jugement, & nous confians en Dieu, qui jamais ne permettra que nous nous égarions par la voye de l'obeïssance qu'il nous a tant recommandée; Qui vos audit, me audit; Qui vous obeït, il m'obeït, disoit-il à ses Apôtres; & en leur personne à ceux qui leur devoient succedr pour le gouvernement de l'Eglise, & la conduite des Ames dans le service de Dieu. |